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jacques tardi - Page 2

  • Revue de presse BD (49)

    Spécial mythes et cultures

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    + Pionnier du "Hollande bashing" (j'avais commencé avant même qu'il ne soit élu par les quelques Français qui votent encore, sous l'influence de la pub ou des réseaux sociaux), je publie cette semaine une anthologie chez 8p.cx, plateforme d'édition de mini-comics gratuits inventée par des Belges. Les Français se sont tellement moqué des Belges et de leur goût invétéré pour le commerce, que lorsque ceux-ci font quelque chose de gratuit, il nous faut les soutenir.

    Le western ci-dessus par DVD-DVD est aussi publié chez 8 pages comics.

    + Chaque fois dans l'histoire que la culture de l'élite est remise en cause et les explications ou non-explications du monde qu'elle fournit semblent sonner creux aux oreilles des citoyens, la mythologie revient au premier plan, et non seulement sous la révolution française. En particulier les mythologies juive et grecque, selon lesquelles l'intellectualisme ne fait que traduire une forme de déterminisme artistique et la mort de l'imagination. Suite au petit quiz élitiste de cette semaine dans le blog Zébra, je signale ce recensement exhaustif des ouvrages de BD inspirés par le monde antique, effectué par l'Université de Grenoble.

    + Les schtroumpfs sont-ils misogynes ? On est habitué à ce que les universitaires racontent à peu près n'importe quoi sur la bande-dessinée, comme sur l'art en général, dans un langage sophistiqué destiné à ébaubir le chaland. Est-ce le cas du "Petit livre bleu" d'Antoine Bueno, chargé de mission au Sénat et de cours à Sciences-po ? Je n'ai pas (encore) lu cet essai, mais il est possible qu'il contienne un fond de vérité, contrairement à beaucoup d'ouvrages d'experts consacrés à la BD.

    Mais, au préalable, il faut se demander pourquoi la franc-maçonnerie est misogyne, c'est-à-dire qu'elle refusa strictement le droit aux femmes de participer à ses conclaves, avant de céder quelque peu à la mode ; puisque même un non-initié peut reconnaître dans les schtroumpfs certaines références maçonniques (bonnet phrygien, sang bleu, maisons-champignons (!). On peut reconnaître aussi facilement de telles références que dans le "Livre de Jungle" de Rudyard Kipling, destiné à l'initiation des petits garçons. Il faut aussi saisir la fonction érotique ou sexuelle de cette misogynie inspirée du paganisme antique, qui était une culture de vie, ou un culte de la fertilité. Il s'agit ici d'une misogynie qui n'a rien à voir avec la misogynie juive, puisqu'elle est "sociale" (tandis que la misogynie des mythes juifs attribuée à Moïse est "antisociale").

    + Choc des cultures : je constate que les auteurs de comics yankees ont non seulement un "Hall of Fame", c'est-à-dire une sorte de "nirvana" pour auteurs de BD, mais en plus un processus de nomination pour y accéder, presque aussi alambiqué que le "Livre des morts". C'est pas très malin comme religion : on voit trop bien qui tire les ficelles. Parfois, le jury va jusqu'à accorder la faveur à un étranger de pouvoir y postuler. Cette année à Jacques Tardi, peut-être parce qu'il a refusé la légion d'honneur française ? C'est dingue ce que ce peuple peut accorder d'importance à l'au-delà ! on dirait qu'il ne vit que pour ça...

    + Avec plus ou moins de bonheur, "L'Association", petite maison d'édition de BD, s'inspire d'un symbolisme satanique à la mode au XIXe siècle pour sigler ses bouquins. Avec plus ou moins de bonheur, c'est-à-dire que c'est plus ou moins réussi ; ci-dessous, la carte postale-galerie de portraits des pères fondateurs de "L'Association" est hautement suggestive.

    A part ça, j'attends impatiemment de dénicher le "Satan trismégiste" de Pacôme Thiellement et Killoffer pour pouvoir en faire la critique. Cela dit il y a peu de chance que ce bouquin me convainque que le meilleur allié du diable n'est pas l'évêque de Rome, étant donné que je suis un grand fan des BD de Lucas Cranac'h et d'Albrecht Dürer.

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  • Ouvrier***

    (Mémoires sous l’Occupation, vol. 1)

    Je reprochais récemment au dernier album de Tardi d’après son père, cet antihéros, le mélange deswebzine,bd,gratuit,zébra,fanzine,bande-dessinée,critique,kritik,ouvrier,occupation,bruno loth,jacques tardi,collaboration,louis-ferdinand céline,front populaire,guerre,résistance,bordeaux genres («Moi, René Tardi»). Il n’est pas interdit, comme Louis-Ferdinand Céline, de mêler le drame personnel à la peinture d’histoire, bien au contraire. Mais le drame, Céline l’a vécu, et le péché atroce qu’il a commis, de partir à la guerre la fleur au fusil, et tout ce qui s'ensuit à quoi la légalité n'enlève rien, il s’en accuse d’abord au premier chef ; ça permet à ses meilleurs romans de ne pas verser dans la morale édifiante, voire d’atteindre l’humour humble du cocu qui sait qu’il est cocu et s’en moque autant que possible (Les soldats sont des cocus qui reviennent avec des blessures plus profondes que les blessures d’amour).

    Le drame de Tardi Jr est seulement d’avoir eu un père, ancien prisonnier de guerre aigri et radoteur, s’accusant d’un péché bien différent: celui d’avoir connu la défaite.

    Céline est d’ailleurs un auteur pleinement populaire, et non populiste. Il n’accuse pas seulement les élites «judéo-maçonniques» et cléricales du péché de la Grande Guerre, mais aussi les prolos et les paysans, les employés de son rang, de se laisser conduire systématiquement au néant par le joueur de flûte –de préférer le bar-PMU à l’histoire.

    De populisme on ne trouve pas trace non plus, ou presque pas, dans la BD-témoignage de Bruno Loth d’après son père, et donc pas le «pathos» psychologique sur la relation père-fils. «Mon père avait entre 20 et 25 ans, c’est un témoin direct, et ses souvenirs d’homme ordinaire m’apparaissent aujourd’hui comme une véritable aventure.» C’est assez malin, plutôt que de s’inventer un drame, de tirer de celui, réel, vécu par son père, matière au récit. Mais l’auteur exagère un peu, car ce n’est pas exactement ici un récit d’aventure.

    Jacques Loth, illustré par son fils, nous narre les conditions de la collaboration forcée des ouvriers des chantiers navals de Bordeaux, ô combien stratégiques en temps de guerre. La résistance? Bien peu s’y risquent. Jeunes, sans famille, jugés inconséquents par leurs parents le plus souvent. Travail et nécessité de gagner sa croûte, bien que l’Allemagne porte ces valeurs au pinacle, font loi bien au-delà des frontières de ce pays, et notamment parmi les ouvriers qui, pour ainsi dire, n’en connaissent pas d’autres. La résistance est un luxe. On s’étonne de l’ampleur des représailles, après qu'un officier allemand a été abattu. Lorsqu’un de ses potes est fusillé, Jacques est stupéfait, lui qui est si doux, au point que sa fiancée le largue en cinq sec, si gentil qu’il ne ferait pas de mal à un Allemand. Tout l’intérêt de ce témoignage réside dans la douceur du personnage, selon moi, qui promène un regard étonné parmi ses contemporains plus vifs, occupés dans tous les sens du terme, et rend donc un témoignage moins militant ou moins passionné de cet épisode d’Occupation.

    Le défaut est, a contrario, d’une vision un peu idyllique du monde ouvrier, lisant des bandes-dessinées et partant jouer aux trappeurs l’été au bord de l’eau (au cours du Front populaire), tels des boy-scouts. Pour un peu on pourrait penser que, «si tous les ouvriers du monde se donnaient la main, ce serait la fête à l’humanité, etc., etc .»… suggestion qui aurait certainement fait ricaner Céline, comme les images d’Epinal stalinienne. On sent peu la dureté de la mécanique, imprimée le plus souvent sur l'ouvrier.

    De même on peut supposer que le jeune homme Céline, plutôt agité, s’il avait connu l’Occupation et non joué les héros en 14-18 précédemment, se serait lancé dans quelque coup de résistance saignant, contrairement au héros de la BD. Pourquoi ? Eh bien pour connaître l’aventure, pardi, celle que le destin dicte d’en-haut aux hommes, et contre laquelle ceux qui préfèrent cultiver leur jardin ou astiquer leur moto ne peuvent rien.

    Ouvrier, par Bruno Loth, éd. La Boîte à Bulles, 2012.

    (par Zombi - leloublan@gmx.fr)

  • Stalag IIB**

    Jacques Tardi s’est attelé à la tâche ardue de rendre intéressants les souvenirs d’un ancien combattant,fanzine,zébra,bd,bande-dessinée,critique,kritik,jacques tardi,stalag iib,zombi,critique,kritik,drôle de guerre,char,céline,shakespeare,homère,casterman,xavier guibert,guerre d'alan,gi son propre père, enrôlé dans un régiment de char français en 40. Comme l’auteur se plaint lui-même d’avoir subi, enfant, les radotages plein d’amertume de son paternel, le moins qu’on puisse dire est qu’il avait conscience du défi qu’il se lançait… et qu’il n'est pas parvenu à relever.

    Dans «Stalag IIB», l’auteur s’est en outre représenté, en train d’accoucher son père au fil des pages de ses souvenirs d’un passé pénible, jouant de l'effet de voyage dans le temps permis par la fiction, qui permet de "repasser les plats", au contraire de l'Histoire. L’idée est originale et intrigante au départ, mais on peut prendre ensuite le déroulé de ce dialogue entre un père en tenue de soldat et un fils en tenue d'écolier, pour une sorte de règlement de compte psychanalytique, où le décor historique n’est plus qu’un prétexte.

    A mon sens, le lien du sang gâche la peinture d'histoire. Dans le même genre, l’accouchement d’un ancien GI américain par Emmanuel Guibert («La guerre d’Alan») était mieux réussi, le témoignage plus intéressant car plus large.

    La haine des Boches du père de Tardi, par exemple, était-elle représentative du sentiment populaire, des types embringués malgré eux dans une aventure dont le plan général de concurrence entre nations industrielles les dépassait? Ou bien cette haine n'était que le moyen que le père de Tardi avait trouvé pour se galvaniser contre l’atmosphère délétère des camps de prisonniers, comme d’autres choisissaient la belote, ou le souvenir émue d'une fiancée.

    On ne peut s’empêcher, d'ailleurs, quand on a lu Céline et ces deux romans complémentaires que sont «Le Voyage» et «Mort à Crédit», de comparer. Et de conclure que Tardi est loin d'atteindre la dimension historique du diptyque de Céline, qui trouve dans la folie guerrière nationaliste la force de témoigner contre elle, et de dissuader les milieux populaires de gober les grands plans de paix internationaux. L’expérience militaire du père de Tardi et l’antimilitarisme de son fils Jacques se confrontent, mais ne sortent pas renforcés l’un de l’autre. On pourra dire de Jacques Tardi qu'il a les mains pures parce qu'il n'a pas de mains. De son père qu'il est un salaud et un con, mais qu'il ne faisait qu'obéir à l'injonction sanguinaire du pouvoir républicain. Tandis que Céline a mis un terme à l'art républicain: il s'est vengé de la civilisation et de l'élite. L'art républicain en principe continue; mais plus personne de sincère ne continue d'y croire. Les auteurs de BD se torchent avec la légion d'honneur.

    La partie de «Stalag IIB» la plus réussie est le préambule où les Tardi narrent ensemble «la drôle de guerre», défaite éclair de l’armée française face aux troupes allemandes, prompte mais suffisamment longue pour permettre à Tardi-père d’éviscérer à coups de canons quelques-uns de ces Boches qu’il exécrait, avant d’être fait prisonnier.

    Stalag IIB - Jacques Tardi - Casterman - 194p.

    (Zombi - leloublan@gmx.fr)

  • La semaine de Zombi

    Mardi : je reviens sur "l'affaire Tardi", le refus symbolique de cet auteur d'accepter la Légion d'Honneur ; je plaisantais à ce sujet la semaine dernière, mais il va de soi que c'est le genre d'événement qui peut tirer la BD du statut de divertissement pour ados où elle reste cantonnée (statut qu'elle mérite parfois), bien mieux que les ventes lucratives de planches ou les expos dans les galeries branchées.

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  • Revue de presse BD (34)

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    + Les amateurs de femmes viriles (ou de cow-boys efféminés) apprécieront ce portrait de l'actrice Sharon Stone par Achdé, repreneur de "Lucky-Luke" pour le dessin. L'illustration est extraite d'un album produit par le dessinateur Maëster et sa femme, intitulé "Wanted". Pour moi, le seul, le vrai western, c'est "Lucky-Luke", et pas ces histoires de garçons vachers qui roulent des mécaniques, mais qui redoutent plus leur mère ou leur femme que les apaches ("Lucky-Luke", ou bien Mark Twain).

    + Jacques Tardi, dessinateur célèbre pour ses adaptations de Léo Malet, Louis-Ferdinand Céline et Jean-Patrick Manchette, vient de refuser la Légion d'Honneur qui lui avait été attribuée d'office. Curieusement Tardi n'invoque pas l'antimilitarisme parmi les raisons de son refus, bien que cet ordre a d'abord été inventé par un chef de guerre, pour récompenser la valeur militaire. A vrai dire, il semble aussi difficile de signer des ouvrages nettement antimilitaristes (c'est le cas de son dernier, "Stalag IIB") en étant titulaire de la légion d'honneur, que d'accepter d'entrer dans la confrérie de la saucisse de Morteau lorsqu'on est végétarien. Celui qui a pris l'initiative d'attribuer cette décoration n'avait donc pas pris la peine de lire Tardi. La gloire, comme les balles, est aveugle.

    + "The Believer" est une revue d'intellos de gauche yankees qui cause parfois de BD. Traduite en français, on peut se la procurer en librairie, mais au prix d'un bouquin plutôt que d'une revue (15 €). Dans la livraison datée de l'automne 2012, figure une interview plutôt intéressante de George Meyer, scénariste des "Simpson".

    "Les Simpson sont la seule vraie critique de la religion moderne acceptée par la culture populaire." : cette affirmation m'a un peu fait tiquer, cependant ; en effet la famille, le couple ou la religion catholique, ridiculisés dans la fameuse série, ne sont pas directement la première religion moderne ; ils le sont DERRIERE le pognon, divinité principale, sans laquelle les autres ne seraient pas. Or les milieux populaires ne sont pas les plus réticents à admettre cette évidence. Les anglophones pourront lire ici l'interview en anglais.

    + Le caricaturiste Charb confond "athéisme" et "mauvaise foi". Témoin, la manière dont il justifie un énième pamphlet contre Mahomet... Si Charb continue comme ça, même les plus fervents partisans de "Charlie-Hebdo" vont finir par devenir sceptiques.

    + Spéciale dédicace à qui Rennes, comme moi, rappelle les "400 coups" qu'il tira -ou qu'il prit-, avant que sa vie ne prenne une tournure plus académique - ce nouvel épisode de "la vie de Vertron". Les autres risquent d'en sentir moins la poésie ; la poésie, comme le plaisir, est largement conditionnée par la géographie ; de là vient que le Breton -cet être violent- donne parfois à sa dulcinée des noms de plage, ou quand c'est un marin tout simplement le nom du port.

    + Le dessin de la semaine est de Serge Einsenstein (le propagandiste soviétique), représentant la peur; d'autres dessins ici.

    (rdp par Zombi - leloublan@gmx.fr)

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